Le foncier agricole pèse dans la balance Le foncier agricole pèse dans la balance municipale
Les maires ruraux divergent face aux conflits autour des terres agricoles et s’énervent sur des sujets comme les phytosanitaires.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Un des principaux enjeux que doivent affronter les administrations locales est le contrôle ainsi que la réglementation de l’usage du sol, rendus d’autant plus ardus avec l’arrivée de populations nouvelles en milieu rural (lire p. 44). Preuve en est avec le congrès des maires, qui s’est tenu en novembre : une majorité d’élus a fait part de tensions liées à la terre. À cette occasion, le Premier ministre, Édouard Philippe, a rappelé la règle du « zéro artificialisation net ». Une instruction a même été envoyée à tous les préfets cet été, leur demandant la plus grande fermeté sur la question.
« Le pouvoir du logement »
Mais la consigne transmise aux maires a provoqué une levée de boucliers parmi les élus ruraux, désireux de récupérer plus de souplesse en la matière, à l’instar du maire normand Pascal Carpentier (lire ci-contre), qui défend « un plus grand pouvoir de logement » local.
Selon une étude menée par le Certop (l’unité de recherche en sciences humaines et sociales du CNRS), la plupart des édiles sont favorables à la protection des terres agricoles. Mais en termes de construction locale, 41 % des maires agriculteurs défendent le « laisser-faire », contre 18 % pour les non-agriculteurs. Le fait que beaucoup de ceux qui sont agriculteurs aient été élus dans les communes rurales dites « éloignées » peut expliquer ce besoin d’autonomie. Par ailleurs, la part de surface artificialisée de ces villages est beaucoup plus faible en général que celle des communes urbaines. En région Auvergne-Rhône-Alpes par exemple, elle l’est huit fois mois. Si la demande rurale se fait davantage entendre, c’est aussi parce qu’elle est moins suivie de faits.
Les maires ruraux réclament également plus de poids sur les dossiers liés à l’occupation des sols en raison des nouveaux arrivants. « Je ne veux pas de maison d’habitation autour de chez moi, je préfère les vaches, m’a rétorqué un jour un néorural, raconte Christine de Neuville, maire de Vicq-sur-Breuilh, en Haute-Vienne (lire en p. 45). Le jour suivant, il m’appelait furieux parce que les vaches avaient sali le chemin. »
« J’ai le sentiment qu’ils veulent la campagne sans boue, sans moissonneuse-batteuse…, constate l’agricultrice Annie Gallan, maire de Sauvagnas, une commune de 541 habitants dans le Lot-et-Garonne. On est venu me voir parce que les engins agricoles passaient trop tard la nuit. Je leur ai rétorqué que les voitures ne s’arrêtaient pas de circuler à 22 heures en ville. »
« Pas de ZNT chez moi »
Un néorural n’achète pas seulement un terrain, poursuit Luc Jacquet, maire de Fouronnes dans l’Yonne, « mais un paysage, une carte postale. Personne ne doit bouger, il veut se reposer. » Il a vu l’un d’eux quitter définitivement le village après qu’une voiture du rallye Terre de l’Auxerrois est tombée en panne devant chez lui un dimanche matin.
Le céréalier est, par ailleurs, monté au créneau sur le sujet des phytosanitaires, en prenant un arrêté municipal contre les ZNT : « Je ne me suis pas fait aider, comme le maire de Langouët, pour l’écrire... » Il a, en revanche, reçu beaucoup de messages solidaires de la part de ses pairs, pas forcément agriculteurs, note-t-il, mais lassés de devoir contenir les inquiétudes des riverains, « en particulier des néoruraux », sur le sujet des phytos.
[summary id = "10022"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :